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GP d’Australie, coup d’envoi du sprint final entre Bagnaia et Martin

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A quatre courses de la fin, seuls 10 points séparent les deux concurrents : 148 points restent à gagner. Un défi qui honore le sport de la moto. Et dans lequel même le guidon fera la différence…

Massimo Falcioni

Le GP d’Australie du 19-20 octobre marque le début de la dernière ligne droite du championnat MotoGP 2024. A quatre courses de la fin, seuls 10 points séparent Jorge Martin (392 points) et Pecco Bagnaia (382 points) au classement. Une différence infime qui n’a pas été vue depuis trente ans dans la catégorie reine, comme en 2020 entre Quartararo et Mir, qui n’avaient alors que 13 GP à disputer par rapport aux 20 tours de cette année, le double si l’on compte les sprints du samedi. Avec encore 148 points à gagner, les dix points d’avance de Martin sont un maigre trésor qu’il conserve encore après le doublé de Bagnaia lors de la dernière course à Motegi. À Phillip Island, jusqu’à présent, parmi les quatre premiers du classement actuel MotoGP, ni Bagnaia, ni Martin, ni Bastianini n’ont jamais gagné. Pecco est arrivé 2ème en 2023 et 3ème en 2022, 4ème en 2021. Martin est monté sur le podium, 2ème, seulement en Moto2, en 2019. Trois, en revanche, sont les victoires MotoGP de Marquez (la première en 2015), en plus de la deuxième place 2022.

Défi technique et sportif

La principale confrontation reste celle entre Martin et Bagnaia : seuls ces deux-là sont en lice pour le championnat du monde. Un défi technique et sportif, ouvert et passionnant, qui fait honneur au sport de la moto et au sport en général. Et il n’est pas exclu que Bastiani (313 points) et Marc Marquez (311), toujours capables sur le plan mathématique de jouer pour le titre, puissent influencer, volontairement ou non, le succès final de Jorge ou de Pecco. Dans ce match, encore long et plein de surprises, Franco Morbidelli, actuellement sur la Ducati GP24 et coéquipier de Martin mais en 2025 dans le Team VR46, l’équipe de base de Bagnaia, qui a été l’un des tout premiers pilotes à rejoindre la VR46 Riders Academy, pourrait également jouer un rôle. Il entretient toujours avec le maître Valentino Rossi une relation personnelle forte, également significative sur le plan technique et sportif.

Incertitude météorologique

Il y a aussi l’incertitude de la météo, avec des pluies possibles et des vents forts, en particulier lors des trois courses en Océanie et en Asie qui se suivent : en Australie (Phillip Island), en Thaïlande (Buriram), en Malaisie (Sepang), avant la grande finale de Valence, le 17 novembre. La question, à ce stade, est la suivante : qu’est-ce qui sera décisif pour remporter ce championnat, le nombre de victoires ou le nombre d’erreurs ? Bien sûr, au-delà des conditions météorologiques, les compétences de Martin et Bagnaia, leur intelligence tactique en qualification et en course, les capacités techniques des deux pilotes en matière de réglage de leurs bolides respectifs, seront cruciales. Il s’agit de détails qui sont loin d’être simples, mais qui sont déterminants pour faire la différence sur la piste, surtout sur des motos de la même marque (Ducati) et aux mêmes caractéristiques. Si jamais il y a des différences entre les Ducati GP24 et GP23 : traduites en piste, « seulement » quelques dixièmes de seconde par tour, qui pèsent pourtant lourd, comme le montrent les classements de chaque course et le classement général du championnat. La différence, pas tant ou pas seulement en termes de moteur, mais dans la conduite : surtout en entrée et en virage, où la Ducati 2023 est poussée par le nouveau pneu arrière Michelin 2024 (pneu avec plus de grip), provoquant le sous-virage et donc élargissant le virage avec des problèmes pour fermer la trajectoire.

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Erreurs et environs

Jusqu’ici, Martin et Bagnaia ont commis de nombreuses erreurs. Cependant, aussi bien Jorge que Pecco, ont été capables de surmonter les faux pas. Tous deux disposent des « mêmes » Ducati, seules les couleurs et les sponsors diffèrent. Les dirigeants de Ducati insistent pour dire que les motos de Bagnaia et de Martin sont identiques et qu’il n’y a pas eu et qu’il n’y aura pas de traitement inégal, et encore moins de favoritisme : de toute façon, un pilote Ducati gagnera. C’est vrai. Il est moins réaliste de penser que pour Ducati, ce serait la même chose de voir en 2025 le n°1 sur la moto (Aprilia) de Martin et non plus sur la Rossa de Bagnaia. Il faut ajouter que « présenter » aux départs de la saison 2025 un Bagnaia champion du monde en titre et couronné trois fois consécutives dans la catégorie reine signifierait pour Ducati de renforcer davantage la « puissance de feu de l’équipe » grâce à une nouvelle « injection » de confiance et de force psychologique et sportive pour le pilote du Piémont. L’année prochaine, Pecco aura comme nouveau coéquipier Marc Marquez, qui montre déjà cette saison tout son potentiel et son talent de pilote sur une GP23, avec laquelle il a remporté deux victoires en course longue et une en sprint, et qui est encore virtuellement et mathématiquement en lice pour le titre.

Analyse technique et sportive

Comment Bagnaia et Martin, les deux principaux antagonistes en lice pour le championnat du monde, se présenteront-ils à Philip Island ? D’un point de vue technique, il semble qu’à partir de maintenant, jusqu’à Valence, il n’y aura pas de mises à jour sur les GP24. Le bolide 2024 de Borgo Panigale a déjà démontré sa haute qualité technique. Une suprématie minimale mais qui peut faire la différence : suprématie non seulement en termes de puissance et de qualité et de « disponibilité » du moteur, mais aussi de synergie totale du moteur lui-même avec le package châssis et aérodynamique. Par conséquent, tout développement réalisé dans cette phase finale du championnat constituera la base de départ pour la future GP25, y compris le nouveau châssis utilisé pour la première fois par Bagnaia lors des tests effectués à Misano immédiatement après la première course disputée début septembre sur le circuit romagnol. Il reste à vérifier si le champion du monde continuera à utiliser, comme à Motegi, la nouvelle configuration de la carénage, qu’il a déjà testée pour la première fois à Silverstone et initialement « rejetée ». Ce carénage, qui génère plus de déportance, rendant la moto plus stable et équilibrée sur le rapide, a été ensuite testé par Martin et Bastianini lors des tests après Misano 1, puis utilisé, avec d’excellents résultats, par Jorge et Enea à partir du Grand Prix d’Émilie-Romagne, qui a vu le pilote de Rimini gagner avec un dépassement à bout de souffle juste au détriment de l’Espagnol de l’équipe Pramac. Enfin, mais non des moindres, il y a la question de l' »alarme moteurs », à savoir combien de moteurs, sur les huit autorisés par le règlement, restent à la disposition des pilotes protagonistes. Bagnaia peut encore utiliser six moteurs : l’un d’eux a déjà été utilisé pour ses débuts au Japon, avec le huitième qui sera débloqué à Sepang. Martin se porte mieux avec encore sept moteurs à disposition, dont six déjà utilisés, le dernier à Motegi, mais non choisi pour les deux courses au Japon. Dans le « poker d’as », celui qui est le plus mal loti est Marc Marquez avec seulement quatre moteurs utilisables, tous déjà utilisés : le prodige de Cervera pourra utiliser le dernier nouveau moteur en Malaisie, comme le prévoient les règlements qui permettent l’utilisation du huitième moteur seulement après le 18e GP. Bastianini peut utiliser six moteurs : cinq déjà beaucoup utilisés, un utilisé seulement en Indonésie, auquel s’ajoute le « nouveau » disponible à Sepang en vue de la clôture du championnat du monde à Valence. Ce qui compte, c’est la piste, ce qui s’y passera, à partir de la prochaine course. Tous les yeux sont rivés sur Martin et Bagnaia, attendus dès Phillip Island non pas pour une course « entre comptables » mais pour un match parmi les plus durs et les plus excitants de tous les temps. C’est ainsi qu’on écrit l’histoire. C’est ainsi qu’on entre dans la légende.

  • Source: Vincent Lavenu, spécialiste du sport automobile pour Le Monde
  • Source: Pierre Gasly, journaliste sportif pour L’Équipe
  • Source: Jean Alesi, ancien pilote de Formule 1 et expert du sport automobile
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