Vers un compromis sur les règles de la saison prochaine pour limiter l'avantage technique de Ducati, en particulier sur les constructeurs japonais, en ‘jouant' sur le nombre de pneus et de tests disponibles : les racines du problème et la position de Dorna
En MotoGP, la lutte sur la piste pour le championnat du monde 2023 n'est pas la seule en jeu. Un débat intense se déroule également sur les règlements techniques de 2024 entre la Dorna et les constructeurs de la classe reine. La question est simple : comment limiter le super pouvoir de Ducati, qui a dominé les deux dernières saisons, et permettre à ses rivaux, notamment Honda et Yamaha, de combler leur retard technologique en leur accordant des concessions. L'objectif est d'éviter que les courses et le championnat ne soient monopolisés par Ducati, ce qui entraînerait une perte d'attrait et même des risques de forfaits des constructeurs perdants. Ce n'est pas une question futile. Dans le passé, cela s'est produit à plusieurs reprises, car lorsque un seul constructeur (parfois même un seul pilote) dominait, cela avait toujours des répercussions négatives sur l'ensemble du championnat du monde de moto.
L'opinion des anciens champions
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La discussion concerne également les anciens champions. Ainsi, Giacomo Agostini déclare : “Cette MotoGP est aujourd'hui dominée par trop d'ailes, trop de puissance et trop d'électronique, trop d'ailes : c'est seulement du danger, pas du spectacle. Pour que la MotoGP soit de plus en plus intéressante, la moto doit être de plus en plus pilotée par le pilote”. Sur le même plan que le 15 fois champion du monde, on trouve Casey Stoner : “Cette MotoGP doit être changée : il faut des motos sans ailes, holeshot et contrôle anti-wheeling et avec un contrôle de traction réduit au minimum. Les coûts doivent également baisser et les normes durer au moins une décennie. Le pilote a rarement du mal à contrôler ces motos : il accélère avec une moto proche de 300 Cv et il ne se passe rien. C'est frustrant. Nous avons plus d'électronique que la F1. J'éliminerais tout”. C'est pourquoi, la discussion actuelle sur les règlements techniques entre Dorna et les constructeurs de MotoGP doit avoir pour objectif, non pas de réduire l'avantage que Ducati a acquis sur le terrain, mais de repenser, de manière plus générale, la MotoGP.
Le travail de Ducati et les concessions
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Les règles, aujourd'hui, ne peuvent pas être modifiées en cours de route simplement pour freiner un constructeur et aider les Japonais : ce n'est certainement pas la faute de Ducati si ses motos et ses pilotes dominent le championnat parce que Borgo Panigale récolte les fruits de nombreuses années de dur labeur et de choix judicieux sur le plan technique et sportif. Il en va de même pour Ktm et Aprilia, qui sont tout aussi compétitives et devancent les Japonais. C'est un fait, cependant, que la victoire a plus de saveur et de poids si Honda et Yamaha sont en mesure de se battre pour la victoire. Comme on le sait, Ducati, et avant elle Ktm, Aprilia et Suzuki, ont profité du système de concessions en vigueur depuis 2016 pour limiter leur retard et regagner en compétitivité grâce à diverses modalités, notamment les tests, les pneus et les moteurs. Les concessions ne sont pas miraculeuses, mais elles ont eu et ont toujours un impact sur le développement des motos, influençant les performances et les résultats.
Pneus disponibles et jours de test
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Aujourd'hui, Honda et Yamaha, en raison de leurs limites en matière de développement, à commencer par les tests, ne sont pas en mesure de combler leur déficit technique par rapport aux motos adverses, à commencer par les constructeurs européens, Ducati en tête. C'est pourquoi la Dorna souhaite modifier les règlements pour permettre aux deux constructeurs japonais en difficulté de compenser leur handicap, avec des règlements différents de ceux actuellement en vigueur qui ne permettraient pas à Honda et Yamaha de bénéficier d'aucune concession. Le risque d'une “pause de réflexion” de la part des deux constructeurs japonais n'est pas infondé et Dorna sait bien qu'un éventuel départ de Honda et Yamaha, comme l'a fait Suzuki à la fin de 2022, serait un coup dur pour la MotoGP. Lors du week-end de Sepang, Dorna a présenté aux constructeurs un projet de concessions pour 2024, avec l'MSMA, l'association des constructeurs, qui peine à trouver un accord qui satisfasse tout le monde. La base de la proposition est de changer le nombre de pneus disponibles chaque année pour les tests privés, de manière à moduler leur quantité de manière inversement proportionnelle à la compétitivité des constructeurs. Le nombre actuel de pneus, soit 200 unités, passerait à 230 pour Yamaha et Honda et à 170 pour Ducati, avec Aprilia et Ktm qui ont cependant demandé une intervention plus décisive pour “freiner” la maison de Borgo Panigale, en réduisant les pneus à 140 ou en limitant les jours de test. Une autre solution serait d'intervenir sur le nombre et les possibilités de développement des moteurs et le nombre de wild card en course. Tout est encore en jeu, avec certaines personnes qui contestent ouvertement les huit Ducati sur la grille, les deux de l'équipe d'usine et les six des trois équipes privées, qui contribuent à une collecte de données inégalable.
Ezpeleta et Dorna
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Carmelo Ezpeleta a déjà déclaré que “même si on me demande de prévoir quelque inconvénient pour Ducati, il n'en est pas question : nous ne pouvons pas les punir pour avoir été innovants et avoir mieux étudié les règlements, tout en respectant la réglementation en vigueur”. Au Qatar, les discussions reprendront et Ezpeleta veut une réponse : la décision devra être prise avant Valence, puis passera des paroles aux actes. ‘Don Carmelo' ne mâche pas ses mots et sait comment être convaincant : “Nous écoutons tout le monde, comme toujours, mais la décision finale appartient uniquement à Dorna et la Dorna décidera”. Nous verrons de quelle manière.
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